Philosophe français.
(14 mars 1908, Rochefort-sur-Mer / 3 mai 1961, Paris)
"... la vraie philosophie est de réapprendre à voir le monde, et en ce sens une histoire racontée peut signifier le monde avec autant de profondeur qu’un traité de philosophie. Nous prenons en main notre sort, nous devenons responsables de notre histoire par la réflexion, mais aussi bien par une décision où nous engageons notre vie et, dans les deux cas, il s’agit d’un acte violent qui se vérifie en s’exerçant."
"... Nous voyons les choses mêmes. Le monde est cela même que nous voyons. Des formules de ce genre expriment une foi qui est commune à l’homme naturel et au philosophe dès qu’il ouvre les yeux. Elles renvoient à une assise profonde d’opinions muettes impliquées dans notre vie. Mais cette foi a ceci d’étrange que si l’on cherche à l’articuler en thèses ou en énoncés, si l’on se demande ce que c’est que nous, ce que c’est que voir, et ce que c’est que chose ou monde, on entre dans un labyrinthe de difficultés et de contradictions.
L’Être est ce qui exige de nous création pour que nous en ayons l’expérience.
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"Visible et mobile, mon corps est au nombre des choses, il est l’une d’elles, il est pris dans le tissu du monde et sa cohésion est celle d’une chose. Mais, puisqu’il voit et se meut, il tient les choses en cercle autour de soi, elles sont une annexe ou un prolongement de lui-même, elles sont incrustées dans sa chair, elles font partie de sa définition pleine et le monde est fait de l’étoffe même du corps. Ces renversements, ces antinomies sont diverses manières de dire que la vision est prise ou se fait du milieu des choses, là où un visible se met à voir, devient visible pour soi et par la vision de toutes choses, là où persiste, comme l’eau mère dans le cristal, l’indivision du sentant et du senti."
( Maurice Merleau-Ponty - L’Oeil et l’Esprit, chap. II, p. 1594-1595 )