hic Δ nunc ↓→ Monade → Phénome → Phénomène → Univers →↑ Multivers
entropie ↑→ in-formation → linéament → puissance → mémoire →↓ créativité
Par créativité, j’entends la faculté de créer du nouveau.
Par suite, par créativité générale, j’entends l’examen de cette faculté sous tous ses angles, en durée comme en étendue, quelles que soient les actions Δ réactions des objets Δ sujets impliqués.
La monade est créative en ce qu’elle a la capacité de conserver sa puissance et sa mémoire tout en les infléchissant. Plus précisément (elle persévère dans son être), elle entretient sa mémoire et sa puissance, en capitalisant (néguentropiquement) et dissipant (entropiquement) l’intensité énergétique de la part d’Entropie qu’elle enveloppe, tout en exploitant la stochasticité de celle-ci pour infléchir sa trajectoire dans l’espace des phases de l’univers où elle émerge. . ./. .
.../... (voir la capacité de la monade de "dés-automatiser" sa puissance, tous affects confondus)
La Liberté, ce n’est que la Créativité avec la conscience de la Créativité.
créer, pour une Monade donné d’un Univers donné, . . c’est in-fléchir (in-former) l’empreinte de cet Univers, de lui-même sur lui-même, en son espace des phases. C’est co-créer l’Univers lui-même avec l’Univers lui-même.
Montrer que le concept de (co)créativité de la monade offre un dépassement du dualisme nécessité/liberté tel qu’il est produit par l’opposition du déterminisme (nécessitarisme ) spinozien, à la liberté cartésienne ou kantienne. La (co)créativité n’est ni nécessité ni liberté stricto sensu, mais en même temps, elle est à la fois une liberté au sens d’un libre-kairos, libre-démon, stochastique, et un nécessitarisme au sens d’un libre-kairos entièrement déterminé par le plan d’immanence ... (creuser) ...
.../...
« Il faut choisir : se reposer ou être libre » dit Thucydide. J’enfonce ce clou plus profondément encore, « Il faut choisir, se reposer ou être créatif », pour énoncer une parallaxe perspectiviste radicale : on n’a pas la Liberté d’arbitrer de plein gré entre toutes nos subordinations, mais on dispose de cette marge de Créativité qu’entrouvre l’inépuisable croissance de l’Entropie à notre infime puissance d’agir, et ce n’est pas une moindre responsabilité que d’apprendre à la transcender, bien au contraire.
( jef safi - édito 2o16 )
"Même si la vie n’a pas de sens, qu’est-ce qui nous empêche de lui en inventer un ?"
( Lewis Caroll, Alice au Pays des Merveilles )
". . C’est que la vie est précisément la liberté s’insérant dans la nécessité et la tournant à son profit. Elle serait impossible, si le déterminisme auquel la matière obéit ne pouvait se relâcher de sa rigueur. Mais supposez qu’à certains moments, en certains points, la matière offre une certaine élasticité, là s’installera la conscience. Elle s’y installera en se faisant toute petite ; puis, une fois dans la place, elle se dilatera, arrondira sa part et finira par obtenir tout, parce qu’elle dispose du temps et parce que la quantité d’indétermination la plus légère, en s’additionnant indéfiniment avec elle-même, donnera autant de liberté qu’on voudra. ."
( Henri Bergson - L’énergie spirituelle - voir ici, Qu’est-ce que le vitalisme ? )
[...]
"Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !"
( Charles Baudelaire - Le voyage )
"L’art moderne nous oblige à comprendre ce que c’est qu’une vérité qui ne ressemble pas aux choses, qui soit sans modèle extérieur, sans instruments d’expressions prédestinés, et qui soit cependant vérité."
( Maurice Merleau-Ponty )
"L’Être est ce qui exige de nous création pour que nous en ayons l’expérience."
( Maurice Merleau-Ponty )
"Un devenir n’est pas une correspondance de rapports. Mais ce n’est pas plus une ressemblance, une imitation, et, à la limite, une identification. (...) Devenir n’est pas progresser ni régresser suivant une série. (...) Le devenir ne produit pas autre chose que lui-même. C’est une fausse alternative de nous dire : ou bien on imite, ou bien on est. Ce qui est réel, c’est le devenir lui-même, le bloc de devenir, et non pas des termes supposés fixes dans lesquels passerait celui qui devient. (...) Le devenir est involutif, l’involution est créatrice."
( Gilles Deleuze - Mille plateaux, pp. 291-292 )
"Par cette « liberté », il faut entendre la spontanéité du vivant, qui se meut de telle ou telle façon en vertu de processus internes et d’une manière que l’on ne peut déterminer à l’avance. Les mouvements, les changements de direction (c’est cela surtout que Lucrèce a en vue) d’un animal très mobile, sont imprévisibles, inanticipables, purement aléatoires. [...] Brusquement, on jette les dés : alea jacta este. En définitive, je suis et je me sens libre non seulement à l’égard des causes, mais à l’égard des raisons. [...] je suis capable, aléatoirement, de n’importe quelle décision, et de mettre en route n’importe quel évènement (pourvu qu’il soit possible et à ma portée) : en ce sens, chacun est capable de tout, aléatoirement."
( Marcel Conche - L’aléatoire )
"... notre liberté n’est pas seulement une liberté de choix. Elle est créatrice, fait être ce qui, autrement, n’eût pas été. Elle est, si elle le veut, co-créatrice du monde."
( Marcel Conche - L’aléatoire )
"On peut définir un tissu noble, au sens le plus général du mot tissu, comme un matériau que son ancienneté a rendu précieux par un effet de patine favorable. Matériau ancien, formé d’une sédimentation de couches successives aux couleurs variées et contraires qui se sont avec le temps appariées les unes aux autres pour cohabiter de façon harmonieuse. [...] A force d’être malaxé et brassé, ce qui s’était trouvé rassemblé par hasard a fini par s’accorder, triomphant de toutes ses oppositions internes pour faire de son chaos originel ce qu’un simple coup d’oeil suffit à reconnaître comme ensemble. [...] Ainsi procédait aussi Igor Stravinski qui recommande à l’artiste, dans sa Poétique musicale, moins la recherche de l’inspiration que la saisie de l’occasion propice, de la rencontre heureuse en quoi se résume toute « trouvaille » esthétique. Car l’artiste n’est pas un inventeur de choses nouvelles, mais une sorte de récupérateur du hasard, un bon utilisateur du fortuit."
( Clément Rosset - Matière d’art, § l’organisation du désordre, hommage à Alexandre Chelkoff )
"Puisque nous agissons toujours à l’intérieur d’un tissu de relations, les conséquences de chaque acte sont illimitées, toute action déclenche non seulement une réaction, mais une réaction en chaîne, tout processus est la cause de processus nouveaux imprévisibles."
( Hannah Arendt - Travail, oeuvre, action )
"Créer c’est faire l’expérience de l’inquiétude, c’est-à-dire de la fébrilité, de la fragilité, de l’humilité. La réussite ça n’existe pas, il faut être bas de plafond pour croire avoir réussi quoi que ce soit. La vie ça rate tout le temps. L’art ça rate tout le temps. C’est exaltant, ça existe, mais ça rate. On n’est jamais totalement à la hauteur, ni jamais complètement satisfait, quand on crée."
( François Bégaudeau - Une certaine inquiétude )