Psychanalyste et philosophe français.
(30 avril 1930, Villeneuve-les-Sablons / 29 août 1992, Cour-Cheverny)
Félix Guattari passe son adolescence dans une banlieue ouvrière de Paris, La Garenne. La guerre, les tensions entre les mouvements ouvriers, les désillusions idéologiques de l’après-guerre marquent le jeune homme. Progressivement, il s’oriente vers la psychiatrie tout en conservant une ouverture d’esprit sur d’autres courants théoriques (philosophie, ethnologie, linguistique, architecture, etc.) afin de mieux définir l’orientation, la délimitation et l’efficacité de l’acte psychiatrique.
Il milite très tôt pour une conception de la psychiatrie plus ancrée dans les questions sociales (il crée notamment en 1965 la Société de psychothérapie institutionnelle et la revue Recherches). Il s’engage au côté des peuples en lutte dans le monde (Espagne, Chine, Amérique latine, Algérie, etc.). Sa conception de la psychiatrie est influencée par cet engagement intellectuel et militant. Il est l’un des acteurs de mai 1968, avec le Mouvement du 22 mars.
Engagé existentiellement et éthiquement dans cette remise en question des valeurs fondamentales, il rencontre Gilles Deleuze à l’université de Vincennes, avec qui il lance en 1987 la revue Chimères. Il commence à élaborer sa réflexion sur la question de la subjectivité (Qu’est-ce que la philosophie ? 1991, avec Deleuze ; Chaosmose, 1992).
Accroître la capacité de compréhension de cet univers de la subjectivité doit nous permettre de mieux saisir notre rapport au monde. Ce travail d’écriture est en prise avec ses engagements sociopolitiques et culturels, qu’il continue d’entretenir (en direction des radios libres, des gauchistes autonomes italiens...). Ses engagements (notamment critique vis-à-vis de la psychiatrie - L’Anti-Œdipe, 1972 ; L’Inconscient machinique, 1979) et son travail philosophique lui ayant valu une renommée internationale, il est reçu dans les universités du monde entier.
Il s’engage alors dans les mouvements écologiques, essayant de trouver une voie autre que celle de la droite ou de la "vieille gauche". Dans Les Trois Écologies (1989), il soutient que l’"écologie environnementale" devrait être pensée d’un seul tenant avec l’écologie sociale et l’écologie mentale, à travers une "écosophie" de caractère éthico-politique. Il en dresse les grandes lignes dans cet entretien réalisé en 1991 et paru dans Chimères en 1996.