Blog-note de jef safi

 

Claudine Tiercelin

Philosophe française.
Professeur au Collège de France où elle est titulaire de la chaire "Métaphysique et philosophie de la connaissance" depuis 2011, prenant la succession de Jacques Bouveresse.
(2 juin 1952)

Le jeune continent qu’est désormais la philosophie de la connaissance a permis, depuis une quarantaine d’années, de faire considérablement progresser la reflexion que Platon avait laissée en suspens dans le Théétète. Dans ce dialogue, Platon définit le savoir comme une opinion droite (vraie) dotée de raison. Je souscris à cette définition, mais essayons d’en préciser les termes. Pour que je puisse dire : "X sait que P", il faut que je sous-entende trois choses :

1 - que X croie que P, qu’il tienne P pour vraie (condition de croyance) ;
2 - que P soit vraie (condition de vérité) ;
3 - que X ait une bonne raison, qu’il soit pleinement justifié à croire que P (condition de justification).

Si l’on accepte cette définition, s’ensuit une division du travail assez naturelle pour définir ce qu’est une connaissance : il faut d’abord analyser ce qu’est croire, puis ce qu’est la vérité, et enfin ce qu’est la justification. Voilà les trois grandes questions qu’explore la philosophie de la connaissance.

Contre les sceptiques et les relativistes, je crois qu’il est possible de parvenir à une authentique connaissance. À bien des égards, les philosophes médiévaux restent pour moi des modèles, qui confrontent toujours leurs arguments et progressent par objections et réponses. Le problème métaphysique des universaux - un des thèmes les plus débattus de la scolastique - est au cœur de mes préoccupations. Je vise à une reformulation contemporaine de ce problème classique que je tiens pour central.