hic Δ nunc ↓→ Monade → Phénome → Phénomène → Univers →↑ Multivers
entropie ↑→ linéament → puissance → mémoire → in-formation →↓ créativité
Par hasard, j’entends la stochasticité par laquelle le flux entropique d’une monade peut impacter le flux entropique d’une autre monade, de telle sorte que cet impact, sans qu’il soit ni nécessaire ni prévisible, puisse cependant être perçu par chacune d’elles (passive ou efficiente) comme in-formant (in-tentionnellement ou non) et exercé par leurs puissances respectives bien qu’elles soient extérieures l’une à l’autre.
Cet impact, perçu comme contingent par la monade passive, est également perçu par elle comme coercible dès lors que cette monade passive peut exercer et faire l’expérience de sa puissance pour persévérer dans son devenir malgré cet impact ou grâce à cet impact.
L’infini, c’est la diversité des accouplements des finitudes et des déterminismes nécessairement fécondés par le hasard.
La preuve du hasard est dans l’évidence de l’infini.
La preuve de l’infini est dans l’évidence du hasard.
Le hasard se manifeste là où la finitude (resp. le nécessaire, le local, l’un, etc.) fait l’expérience de l’infini (resp. le contingent, le global, le multiple, etc.).
Métaphysiquement parlant, hasard et infini sont synonymes, équivalents, permutables, etc.
Le hasard est-il le clinamen d’Epicure ? Il en est très proche en effet, au moins métaphoriquement. Le concept apparaît dans le De rerum natura de Lucrèce, grand épicurien, mais on l’attribut à Epicure lui-même. Selon le De rerum natura (De la Nature des choses), le clinamen (déclinaison) est la légère déviation spontanée, indéterminée et aléatoire, d’un atome parmi d’autres qui explique leurs rencontres, leurs entre-chocs, et par suite la formation de la matière, puis la naissance des choses et donc des liens de cause à effet qui régissent leurs interactions, et enfin qui dotent d’un pouvoir inné, la volonté, les plus complexes d’entre-elles que sont les animaux et les hommes.
Pour la monade efficiente, comme pour la monade passive, cet impact n’est pas de hasard pur en ce que le processus de cet impact ne déroge en rien au "principe de raison suffisante (*)".
Cet impact apparaît comme mu en partie par le hasard dès lors que la monade passive le perçoit comme partiellement imprédictible quand elle manque d’in-formation pour en connaître totalement les causes, et/ou le perçoit comme partiellement incoercible quand elle manque de puissance pour en contenir totalement les effets.
Cet impact est non moins vécu par la monade efficiente comme infléchie en partie par le hasard dès lors qu’elle le perçoit comme partiellement imprédictible quand elle manque d’in-formation pour en maîtriser totalement le processus , et/ou la ressent comme partiellement incoercible quand elle manque de puissance pour en contrôler totalement les effets, en atteindre totalement les fins.
Ainsi, le hasard ne peut-il être perçu par une monade comme pur hasard que si, et seulement si, cet impact est pour cette monade totalement imprédictible et absolument incoercible. Tel est le cas de tout univers, le flux purement stochastique de l’Entropie qui l’engendre étant à cet univers absolument imprédictible et définitivement incoercible puisqu’émanant pour lui d’une essence première irrémédiablement inconnaissable.
(*) « jamais rien n’arrive sans qu’il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c’est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon » (Leibniz - Théodicée, I, 44)
Par Maurice Couquiaud, Un profil de buée :
[...] Le vent du monde emporte des planètes
et les enroule autour des flammes.
Fête multicolore des premières bombes
qui construisent un village dans le néant
à grands coups de fusions contagieuses,
de rayonnements furtifs, d’expansions géantes.
Tous les desseins de l’existence
se glissent au fond de la matière
pour la grande parade des conséquences,
l’alignement des faits,
la foire des sous-produits.
Le hasard se ruine en circonstances.
Rupture d’espace. Voltige du temps.
L’avenir se fripe dès qu’il s’assoit
comme l’étoffe dont il s’habille. [...]
Dans tout processus physique, tant qu’il peut être considéré comme isolé, l’entropie reste constante ou augmente ; et quand elle augmente le processus est irréversible.
(2nd loi de la thermodynamique)
Par Friedrich Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra) :
"Au-dessus de toutes choses se tient le ciel Hasard, le ciel Innocence, le ciel Accident, le ciel Exhubérance".
Par David Ruelle (Hasard et Chaos ) : "Pourquoi l’information est-elle mesurée en termes de hasard ? Simplement parce qu’en choisissant un message dans tout une classe de messages possibles, on se débarrasse de l’incertitude ou du hasard présent dans cette classe."
"On peut définir un tissu noble, au sens le plus général du mot tissu, comme un matériau que son ancienneté a rendu précieux par un effet de patine favorable. Matériau ancien, formé d’une sédimentation de couches successives aux couleurs variées et contraires qui ce sont avec le temps appariées les unes aux autres pour cohabiter de façon harmonieuse. [...] A force d’être malaxé et brassé, ce qui s’était trouvé rassemblé par hasard a fini par s’accorder, triomphant de toutes ses oppositions internes pour faire de son chaos originel ce qu’un simple coup d’oeil suffit à reconnaître comme ensemble. [...] Car l’artiste n’est pas un inventeur de choses nouvelles, mais une sorte de récupérateur du hasard, un bon utilisateur du fortuit."
( Clément Rosset - Matière d’art, l’organisation du désordre )
Le Vrai Hasard de la physique quantique : retranscription d’une interview de Nicolas Gisin.
Le déterminisme n’implique pas la prédictivité. ( Etienne Klein )
"Der Zufall ist das Pseudonym, das der liebe Gott wählt, wenn er inkognito bleiben will."
Le hasard est le pseudonyme que Dieu choisit quand il veut rester incognito.
( Albert Schweitzer )