Philosophe français.
(26 juillet 1940, Bordeaux)
En tombant de sommeil, je tombe à l’intérieur de moi-même : de ma fatigue, de mon ennui, de mon plaisir épuisé ou de ma peine épuisante. Je tombe à l’intérieur de ma propre satiété aussi bien que de ma propre vacuité : je deviens à moi-même le gouffre et la plongée, l’épaisseur des eaux profondes et la descente du corps noyé qui sombre à la renverse. Je tombe là où je ne suis plus séparé du monde par une démarcation qui m’appartient encore tout le temps de ma veille et que je suis moi-même tout comme je suis ma peau et tous mes organes des sens. Je passe cette ligne de distinction, je glisse tout ensemble au plus intérieur et au plus extérieur de moi, effaçant le partage de ces deux régions supposées.
(Tombe de sommeil)