Blog-note de jef safi

 

t’CG

t’CG : théorie ’pataphysique de la Créativité Générale

Ontologie ↓→ Métaphysique Monadologie Phénoménologie →↑ Cosmogonie

hic Δ nunc ↓→ Monade Phénome Phénomène Univers →↑ Multivers



D é f i n i t i o n s

- Par théorie, j’entends l’énoncé aussi cohérent et complet que possible d’une conception spéculative fondée sur un ensemble de percepts et donc de sensations, d’affects et donc d’émotions et par suite de concepts et donc d’intuitions.

J’entends donner à cette tentative le but de former un système nécessaire et suffisant d’idées, à travers lequel toutes les empreintes de nos expériences effectives, affectives et cognitives, individuelles et collectives, puissent être éclairées d’une même cohérente interprétation.

- Par ’pataphysique, j’entends désigner comme Alfred Jarry la "science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité".

J’entends qualifier ainsi ma ’théorie de la Créativité Générale avec le plus grand respect qui soit à l’endroit de cette discipline, de son fondateur comme de tous les satrapes qui le suivirent, le suivent et le suivront.

- Par créativité, j’entends le principe même de nouveauté et par suite, je désigne par ce mot l’attribut par lequel la Monade est dotée de la faculté de créer du nouveau.

- Par Créativité Générale, j’entends cette catégorie première en tant qu’elle peut être examinée sous tous ses aspects, en durée "ou" en étendue (la conjonction "et" formerait un pléonasme), quelles que soient les Monades impliquées dans quelque univers que ce soit.



A x i o m e

Rien n’est plus permanent que l’évolution de tout, éternellement.

Il ne peut y avoir persévérance, persistance, perdurAnce, de quoi-que-ce-soit, où-et-quand que ce soit, sans qu’il y ait nécessairement, transformation, trans-in-formation, de ce quoi-que-ce-soit, où-et-quand que ce soit, c’est-à-dire sans qu’il y ait nécessairement variation, mouvement, fluctuation, métamorphose, mutation, différAnce, pli, résiliAnce, flux, bifurcation, etc., de ce quoi-que-ce-soit, où-et-quand que ce soit. Corollairement, je pose que :

Rien ne dure qui ne soit d’étendue finie et de durée finie.



P r o p o s i t i o n s

- Par substance, j’entends ce qui est "en soi", et ce conçoit "par soi", dans un Univers donné. C’est-à-dire, adoptant la définition de Spinoza, mais en la circonstanciant, est substance ce dont le concept "en soi" n’a pas besoin du concept d’autre chose que celui de l’Univers dans lequel cette substance émerge.

- Par substantiel, j’entends qualifier ce qui est de la nature d’une substance.

- Par essence, j’entends ce qui, donné, pose nécessairement une Monade et qui, ôté, l’ôte nécessairement. Par suite, établissant la même symétrie que Spinoza pour la chose, par essence j’entends ce sans quoi une Monade ne peut ni être ni être conçue, et réciproquement ne peut sans une Monade ni être ni être conçu.

- Par essence d’une monade dans un Univers donné, j’entends "ce que cet Univers n’est pas" en l’absence de cette monade.

- Par essentiel, j’entends qualifier ce qui appartient à l’essence d’une Monade ; ce qui est nécessaire, indispensable, à sa persistance dans son être-elle-même, c’est-à-dire dans son devenir.

- Je pose que la cause première de toute chose dans tout Univers est l’immanence absolue, infinie, omnipotente et omniprésente, d’une essence première qui est la puissance même apte à engendrer et mouvoir tous les Univers, mais dont la substance leur est à jamais inconnaissable.

- Je désigne cette essence première par Entropie. Je pose que seule l’Entropie est "cause de soi" ; que l’essence de l’Entropie est sa puissance même ; qu’elle n’a aucun principe ou fin de son exister ou de son agir.

- Je considère toute substance comme partie intégrante d’un Univers engendré par l’Entropie, que ce soit la plus infime de ses parties jusqu’à cet Univers tout entier.

- Je considère toute substance comme nécessairement finie, de durée finie, impermanente et intempestive ; nécessairement en mouvement, fût-ce immobilement du point de vue d’autres substances du même Univers.

- C’est ainsi posée que la théorie ’pataphysique de la Créativité Générale se donne pour projet de répondre à la question :

La création de quelque chose de vraiment nouveau est-elle possible ?

Question à laquelle elle répond par sa Monadologie.


S c o l i e s

- Si ton oeil était plus aigu tu verrais tout en mouvement. ( Friedrich Nietzsche )

- Je pose la t’CG comme matérialiste, quasi-atomiste, éminemment immanentiste, physicaliste, perdurantiste, évolutionniste jusqu’à l’émergentisme, perspectiviste (au sens de Leibniz, Nietzsche, Deleuze), autrement dit non-dualiste, non-vitaliste, non-anthropocentrique, non-finaliste, non-endurantiste, en somme in fine à l’opposé des modèles anthropiques et/ou créationnistes.

- Je pose la t’CG dans cette filiation de l’histoire des idées qui unit : Héraclite, Lǎo zǐ, Aristote, Spinoza, Bergson, Whitehead, Merleau-Ponty, Nietzsche, Heidegger, Deleuze, Guattari, Simondon, et quelques autres. C’est par la recension de ces pères-là surtout, que la t’CG peut énoncer ses propres spéculations en osant effrontément mais très humblement les reprendre, les critiquer, les nuancer.

- La ’théorie de la Créativité Générale se développe ici selon plusieurs perspectives ’paradigmatiques :

  • Une perspective ’pictosophique (ou collection de fragments ’pictosophiques), considérant qu’il est des intuitions plus aisément intelligibles lorsqu’elles s’expriment dans le champ sensible de la subjectivité (celui de la sémiologie de l’image et de ses percepts, ou celui des structures anthropologiques de l’imaginaire et de ses affects) plutôt que dans celui de l’objectivité du discours formel (celui de la grammatisation et de ses symboles, ou celui de la logique et de ses calculs).
  • Une perspective ’poétHique (ou collection de fragments ’poétHiques), considérant que même dans le champ du discours formel, il est des intuitions plus aisément intelligibles lorsqu’elles expriment leur résiliAnce à travers les contraintes d’une prosodie, ou d’une métrique, plutôt qu’entre les règles d’une grammaire. Une ’poétHique avec le H d’étHique (du grec ήθος) pour affirmer qu’elle n’a pas pour seule fin l’esthétique du verbe, mais aussi l’expression des rôles (ou agencements d’essences) en tant que lieux (ou agencements de substances) et réciproquement, l’expression des lieux (locus, topos, habitus, etc.) en tant qu’ils agencent des rôles.

    Chacune de ces perspectives enveloppe à elle seule toute la ’théorie de la Créativité Générale mais chacune, en tant qu’elle est nécessairement un filtre, un pharmakon, ne peut en révéler que son propre point-de-vue. C’est de la reliAnce de tous ces points-de-vue, dans de nouveaux agencements propres à chacun d’entre-nous, que peuvent émerger des perceptions, des affections, des cognitions, en somme de nouveaux points-de-vue susceptibles d’entrer en résonance ample et claire les uns avec les autres.

- L’atelier de production/publication des fragments, ’pictosophiques et/ou ’poétHiques, que collectionne ici le manifeste de la t’CG, est mon stream flickr/jef safi. La plupart des propositions publiées sur ce réseau s’y inscrivent explicitement comme contribution à l’élaboration de la t’CG. Néanmoins seules quelques unes d’entre-elles trouvent leur place comme fragments de ce manifeste, celles qui, au fur et à mesure qu’il se constitue, viennent l’enrichir et/ou le stimuler, que ce soit en suscitant quelques commentaires graphiques et/ou littéraux , en apportant quelques pondérations sémiologiques et/ou sémiotiques, ou encore en induisant quelques intuitions subjectives imprévues par leurs signes, filtrants ou intensifiants, volontaires ou fortuits, etc.

Comme le dit Deleuze dans "Proust et les signes" : "Ce qui force à penser c’est le signe. (...) La création c’est la génèse de l’acte de penser dans la pensée elle-même. (...) Penser, c’est toujours interpréter, c’est-à-dire expliquer, développer, déchiffrer, traduire un signe. (...) Il n’y a que des sens impliqués dans des signes ; et si la pensée à le pouvoir d’expliquer le signe, de le développer dans une Idée, c’est parce que l’Idée est déjà dans le signe, à l’état enveloppé et enroulé, dans l’état obscur de ce qui force à penser."