"Je fais un travail de cartographie du réel, voilà .. faisons le travail ensemble. Il y a des montagnes, des précipices, des routes, des autoroutes, des chemins vicinaux, des sentiers forestiers, des marécages, ici ça roule tout seul, là ça passe mal, là attention il y a des bêtes féroces, là des fauves, ici un cimetière des éléphants, etc. Après il y a une boussole. Faites votre trajet, votre route vous-même. S’il vous plaît, ne m’emboîtez pas le pas, faites votre propre randonnée. L’exergue à la politique du rebelle est :
Il m’est odieux de suivre, autant que de guider.
C’est ma formule libertaire, anarchiste. Je ne dis pas "pensez la même chose que moi", je dis "faites comme moi, votre propre chemin". Créez-vous liberté. Faites fonctionner votre esprit critique, y compris sur moi. Je crois avoir raison en disant que la vérité est à chacun, elle est à chacun la construction d’un chemin qui nous va. C’est un habit sur mesure. Mes vêtements ne vous irons pas, créez-vous votre propre costume. Taillez-le. Choisissez votre tissu, votre couleur, votre texture, votre confort."
Michel Onfray Universités Populaires 1sur3 par cowboy_qui_crie
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On ne peut pas avoir de rapport pacifié avec le monde, si on n’a pas de rapport pacifié avec autrui. On ne peut pas avoir de rapport pacifié avec autrui, si on n’a pas de rapport pacifié avec soi-même. Cela suppose une espèce de souci permanent d’une éthique, et c’est ça qui est excitant : "c’est tout le temps la morale". C’est pas seulement le dimanche à la messe, pour après recommencer à être le dernier des salauds, c’est tout le temps. C’est même quand on dort, quand on rêve. C’est dans la porte qu’on tient ou qu’on ne tient pas. C’est dans le petit mot qu’on écrit ou qu’on n’écrit pas. C’est dans toutes ces choses-là que se construit l’éthique. Toute la philosophie hédoniste est une philosophie du souci de l’infinitésimal, du micro-signe. Mais comment voulez-vous que les gens soient soucieux de micro-signes quand on ne leur a pas dit qu’ils existaient, d’une part, et qu’on pouvait les décoder, par ailleurs. Il y a une espèce de grand désespoir aujourd’hui, parce qu’on croule sous les faux signes, la télé, les médias, les images, le verbe, des mots tout le temps, qui ne veulent rien dire, des promesses non tenues, des mots complètement vides et creux. Qu’est-ce qu’on dit quand on dit "je t’aime" ? Qui est ce "je" ? Est-on assez sûr de ce qu’on est pour dire "je" ? Qui est ce "t" pour pouvoir dire à cette personne qu’on l’aime ? Est-elle une fiction, une réalité, une reconstruction ? Est-ce une réalité durable ? Et "aimer" ? C’est encore pire. On aime le chocolat. On aime la vitesse. On aime PPDA. On aime Houellebecq, ça existe. Et puis on aime la femme de sa vie. Mieux vaut ne pas le dire, mieux vaut le montrer.
En conclusion, si l’hédonisme a véritablement un sens, il est dans le souci des signes qu’autrui donne et qu’on donne à autrui.